La Porte d'Ivoire
11 janvier 2019 Rédigé par Linuxine
★★☆☆☆
Auteur : Serge Brussolo
Fini le 29 décembre 2018, édition epub sur Kobo
C'était le seul livre de Brussolo disponible en ebook à la médiathèque, et ô, miracle, comme il venait de sortir, je ne l'avais pas lu. C'était également le deuxième livre électronique que j'empruntais à la médiathèque, et, contrairement au premier, ça ne s'est pas bien passé du tout. Adobe Digital Edition s'entêtait à indiquer que je n'avais pas le droit d'emprunter le livre, comme si la durée d'emprunt était déjà dépassée. Impossible de le transférer sur ma liseuse Kobo... alors que cela avait été relativement rapide et simple la fois précédente, j'ai dû jeter l'éponge après plusieurs essais infructueux,.
N'écoutant que mon énervement, j'utilisais Calibre pour tenter de transférer l'ebook au format Adobe sur ma Kobo et.. hop, du premier coup, j'avais le livre disponible pour le lire. Bon, au passage, il était "craqué", donc il a perdu ses DRM, mais ce n'était pas le but de la manœuvre, moi, je voulais juste l'emprunter pour le lire... Une preuve de plus que les DRM, au lieu de protéger les droits d'auteur, compliquent inutilement la vie des gens honnêtes et rendent le piratage plus attrayant, ajoutant la simplicité à la gratuité...
A la lecture du livre, j'ai un peu regretté de m'être donné tant de mal. Malgré le prix du roman d'aventure qu'il a reçu, pour moi, ce n'est clairement pas le meilleur opus de Brussolo. Certes, on y retrouve ici les éléments classiques de son œuvre: une ambiance oppressante (ici, la jungle étouffante du Congo), diverses théories du complot, des protagonistes au bord de la folie. Autre élement familier, l'héroïne, une jeune femme éprouvée par la vie mais en recherche d'aventure, se retrouve dans une situation financière qui l'oblige à accepter une mission de sauvetage très risquée pour le compte de la fille d'un milliardaire.
Peut-être justement parce que c'est du Brussolo très classique, ou bien parce que l'une des "sous-intrigues" dont il est friand concerne les nazis, je n'ai pas accroché. Dès que les méchants de l'histoire sont des nazis, je trouve qu'on tombe vite dans les clichés... En l’occurrence, ce ne sont pas vraiment les méchants ici, puisqu'il s'agit d'explorer la piste d'un faux suicide d'Hitler et d'une fuite de ce dernier en sous-marin, pour aller fonder une colonie nazie au cœur de la jungle du Congo. L'auteur ne va pas jusqu'à accréditer cette thèse, puisqu'au final, dans la colonie retrouvée, subsiste le doute sur le dignitaire nazi qui la dirigeait, qui ne sera jamais identifié. Mais cette partie de l'histoire utilise la fascination pour le "mal absolu" que représentaient les nazis de façon un peu trop facile à mon goût.
Par ailleurs, l’œuvre contient beaucoup de gros clichés sur l'Afrique. Certes, l'action est sensée se passer dans les années 1990, et un avertissement en début de livre nous indique que les termes racistes et les mentalités sont le reflet de l'époque. Mais il y a une insistance à faire tenir même aux protagonistes africains des propos qui ne sont pas très nuancés, en considérant "l'Afrique" comme une seule entité homogène... J'ai trouvé ça un peu condescendant, et cela n'apporte pas grand chose au récit. De plus, le style est moins efficace que d'habitude, j'ai noté des répétitions à quelques phrases d'écart. Il y a également des incohérences, qui m'ont empêchée d’adhérer complètement au récit. Par exemple, l’héroïne s’aperçoit qu'un personnage n'est pas ce qu'il prétend être, et se dit "Tout s'explique ! C'est donc pour ça qu'il a eu cette réaction lorsque...". Sauf qu'il sufft de retourner au chapitre précédent pour vérifier que le personnage en question n'a pas du tout réagi de cette façon !
Au final, le titre, qui fait référence à la porte d'ivoire de la mythologie, qu'empruntent les rêves trompeurs pour rendre visite aux mortels, laissait présager mieux... Par contre, pour une fois, il y a une vraie fin, ce qui est assez rare pour être souligné dans un Brussolo !
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