livres/Dans la forêt

13 février 2019 Rédigé par Linuxine

★★★★★

Auteur : Jean Hegland
Fini le 2 janvier 2019, édition epub sur Kobo

J'avais entendu parler de ce livre dans une chronique de Juliette Arnaud, dans l'émission "Par Jupiter" sur France Inter. Sa description d'une histoire qui se déroule loin du monde, dans la forêt justement, alors que ce monde est en train de changer dramatiquement, m'avait attirée.  Je l'ai donc emprunté au format "Prêt Numérique" à ma médiathèque. Cette action a nécessité la création d'un compte Adobe Digital Edition, ce qui ne m'a pas trop plu, mais l'emprunt a étonnamment bien fonctionné avec ma Kobo.

C'est avant tout un récit sur l'amour entre deux soeurs, Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans. Un amour qui va au-delà des mots, et qui va les faire tenir alors que tout s'effondre, et qu'elles finissent pas se retrouver seules, au coeur de la forêt, dans la maison familiale dans laquelle elles ont toujours vécu. De cet effondrement de la société, on ne parlera finalement pas tant que ça. Nous n'en saurons que les vagues échos qui parviennent à la narratrice, Nell, lors de ses visites à la petite ville voisine, qui vont s'espacer de plus en plus jusqu'à ne plus avoir lieu, faute d'essence.

C'est aussi un récit sur le détachement des biens matériels. Au tout début, Nell, la narratrice, s'accroche encore à ses rêves de rentrer à Harvard, et Eva sa soeur, à sa passion pour la danse. Elles font tout ce qu'elles peuvent pour continuer à étudier et à s'entrainer à la danse, même sans électricité, et donc sans musique. Elles se raccrochent à leur deux passions, car c'est au final la seule chose qu'il leur reste, et qu'elles n'ont pas encore réalisé que ni l'une ni l'autre ne pourront réaliser leur rêve, car il n'y a plus de société pour étudier, ni pour devenir danseuse étoile. Elles se raccrochent à l'idée que tout va finir par rentrer dans l'ordre, qu'un jour l'électricité va revenir par magie, le téléphone se mettre à fonctionner à nouveau. Il faudra au final le choc d'une agression que va subir Eva pour qu'elles réalisent que tout a changé.

Vient alors la partie du roman vraiment orientée sur la survie: les réserves, pourtant bien garnies, du cellier et du potager s'épuisant, les deux soeurs vont devoir trouver de quoi survivre à partir des ressources de la forêt. Je dois dire que la partie où Nell compte les pots de conserve, les sac de riz et de farine, m'a fait réaliser que nous, citadins, ne sommes pas bien préparés pour une catastrophe de genre. Chaque fois qu'elle se désolait de la diminution des rations restantes, je me disais que je devrais stocker plus de riz, pâtes et farines à la maison !  Au final, les deux soeurs vont apprendre petit à petit à se détacher des biens matériels superflus, et à s'adapter à la vie dans la forêt, qui n'est plus une entité hostile et menaçante, mais devient une alliée pour leur survie.  Bref, un roman qui fait relativiser sur nos habitudes consuméristes et sur nos priorités dans la vie...

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