Do Android Dream of Electric Sheep
05 mai 2021 Rédigé par Linuxine
★★★★★
Auteur : Philipp K. Dick
Lu en novembre 2020
J'ai vu le film "Blade Runner" un bon nombre de fois dans mon adolescence et ma jeunesse, et c'est pour moi un classique de la Science-fiction. J'avais d'ailleurs été très triste lors de la mort de Rutger Hauer, l'acteur qui joue Roy Batty dans le film. Mais je n'avais jamais lu le livre dont est tiré le film. J'ai donc profité du fait que mon collègue Hugo l'avait apporté au boulot pour lui emprunter. Je pense qu'il l'a un peu le regretté, car j'ai dû garder le livre plus de 6 mois ! ;) Quand je me suis enfin décidée à le lire, je l'ai fini en quelques jours. Et j'ai été très étonnée, car au final le film est assez différent de l'oeuvre originelle. Voici une petite liste des différences qui m'ont le plus marquée. Attention, spoilers !
L'ambiance
Je me rappelle surtout de Blade Runner pour son esthétique sombre, nocturne, avec la pluie torrentielle qui tombe dans cette ville futuriste, et ses grands gratte-ciels entre lesquels volent des voitures. Et bien en fait, l'ambiance dans le livre n'est pas du tout celle là : on est beaucoup plus proche des scènes de ville abandonnée et ensablée de Blade Runner 2049. La Terre y est décrite comme un désert, à l'abandon, en mettant l'accent sur la déliquescence et la poussière omniprésente, qui se glisse partout.C'est une planète mourante, sur laquelle seuls ceux qui n'avaient pas le choix, les marginaux, sont restés. Tous ceux qui en avaient les moyens sont partis pour d'autres planètes.
Les animaux mécaniques
De même, l'histoire insiste beaucoup sur les animaux mécaniques (les espèces vivantes s'étant quasiment toutes éteintes) et le fait que leurs propriétaires, dont fait partie le héros Rick Deckard, leur accordent une très grande importance, bien que leur entretien soit très onéreux. Je ne me rappelle pas que cet aspect soit si présent dans le film. On y présente effectivement la chouette que possède la Tyrell Corporation comme un bien inestimable, mais on ne suit pas, contrairement à ce qui se passe dans le livre, d'autres propriétaires d'animaux, et on n'aborde pas la question de leur entretien via les boutiques de réparation. Dans le livre, Rick possède un mouton électrique défectueux, ce qui lui cause beaucoup de souci, à lui et sa femme, ce qui n'est pas vraiment abordé dans le film, si ma mémoire ne me fait pas défaut.
Rick
Car oui, dans le livre, Rick n'est pas du tout un célibataire endurci, il vit avec sa femme dans un appartement en ville. Par contre, comme dans Blade Runner, il est bien chasseur de prime, chargé de mettre hors service des replicants qui se sont échappés. Et comme dans le film, il y a toute l'ambiguité du statut de réplicant : les tests d'empathie que font passer les chasseurs de prime ne sont pas parfaits, et tout au long de l'histoire, on est amenés à se demander si tel ou tel personnage est un réplicant ou non (parfois, les personnages eux-même ont le doute). Par contre, il est clair depuis le début que Rick est un humain, lui ne doute pas de son statut.
La religion
Il y a également un aspect religieux, qui je crois n'est pas du tout abordé dans le film, ou alors qui ne m'a pas marqué. Rick et sa femme, ainsi que les autres humains qu'on suit dans le livre, sont adeptes du "Mercerism", une religion utilisant des "boites à empathie" pour relier ses adeptes et leur faire vivre une expérience de souffrance collective à travers un martyre, Wilbur Mercer, qui grimpe une colline tout en étant visé par des jets de pierre. Cette expérience n'est pas sans rappeler d'ailleurs la vision de la scène de la colline dans "l'incident Jésus" de Frank Herbert.
Rachel
Mais mon plus gros choc a été le personnage de Rachel : elle est présentée comme une "gentille" dans le film, se faisant manipuler par ceux qui l'ont créée, la Tyrell Corporation. Dans le livre, il s'agit de la Rosen Association, et Rachel s'appelle Rachel Rosen, ce qui sous entend déjà un autre type de relation : elle n'est pas la créature innocente fabriquée par une corporation, elle est un membre de la famille... Lorsque Rick la rencontre, et qu'il lui fait passer un test d'empathie, elle semble ignorer qu'elle est un réplicant, comme dans le film. Mais on découvre par la suite qu'elle le savait parfaitement, et surtout, elle couche avec Rick pour le manipuler et le dissuader de tuer les réplicants en fuite. Ce qu'elle avoue avoir déjà fait avec plusieurs chasseurs de prime... Rick ne réagira pas très bien à cette révélation ; il ne se laissera pas manipuler et remplira sa mission. Puis il retournera chez lui, vers sa femme, pour découvrir que, de dépit, Rachel est passé chez eux et a tué son mouton électrique... Bref, là où dans le film, on assiste à une histoire d'amour et Rachel nous émeut par sa fragilité et ses doutes quand à son identité, on a affaire, dans le livre, à une manipulatrice tout à fait au courant de son statut, et qui se sert du sexe pour manipuler les hommes humains. Rien à voir !
Roy Batty
Pour finir, un point positif pour Blade Runner cette fois est le personnage de Roy Batty. Celui-ci, bien que présenté comme très intelligent, manipulateur et instigateur de la révolte et de l'évasion des réplicants en fuite, n'est pas du tout un personnage important dans le livre. On le voit très peu, et son affrontement avec Rick est réduit à sa plus simple expression, puisque ce dernier le descend d'un tir rapide. On ne retrouve pas du tout le charisme du personnage du film, et j'avoue que sur ce point, j'ai préféré la vision du film. Aucun monologue magique sur les larmes dans la pluie pour lui dans le livre !
Blade Runner et Do Android Dream of Electric Sheep sont donc deux oeuvres assez différentes, bien que l'une soit inspirée de l'autre. Le livre m'a paru avoir une vision beaucoup moins romantique, plus terre à terre que le film. Par exemple, dans le livre, on sait qu'il n'y a aucune chance qu'un replicant vive plus de deux ans car leurs cellules ne se reproduisent pas, point barre. Même si les voitures volent et qu'il y a des replicants, l'ambiance n'est pas spectaculairement futuriste, elle insiste plus sur le fait que tout est en fin de vie sur terre, et que la poussière qui s'insinue partout est en train de gagner. Même la fin n'apporte aucun message d'espoir, contrairement à la fin (du moins à une des fins) du film. Mais ce n'est pas pour ça que j'ai trouvé le livre moins bien, bien au contraire ! Je vous le conseille vivement, et ça se lit très facilement en anglais. Et vous verrez, même si les histoires sont bien différentes, on ne peut pas s'empêcher d'imaginer Rick sous les traits d'Harrison Ford ! ;)
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