Livres Le Joueur d’échecs

★★★★☆
Stefan Zweig

Acheté en même temps que “Vingt-quatre heures de la vie d’une femme”, et du même auteur, ce livre traite du même thème, à savoir, l’addiction au jeu. Il ne s’agit plus ici de jeux d’argent, mais des échecs, ou, comme le dit l’auteur,

le seul entre tous les jeux inventés par les hommes, qui échappe souverainement à la tyrannie du hasard.

Le procédé narratif est le même que dans “Vingt-quatre heures…” : le narrateur va rencontrer le héros de l’histoire, et être témoin de sa confession. De même que dans “Vingt-quatre heures…”, le début de l’histoire n’est finalement qu’un préambule à ce témoignage. Le héros est ici un ancien prisonnier des nazis, qui, mis à l’isolement pour le faire craquer, a trouvé son salut dans un livre sur les échecs, subtilisé à un gardien. Commençant par apprendre par cœur les parties de grands maîtres, il va finir par frôler la schizophrénie, en passant ses journées à jouer des parties virtuelles, dans son esprit, contre lui-même. J’ai trouvé la description de cette personnalité coupée en deux, entre le joueur des blancs et celui des noirs, très intéressante. L’étude des joueurs d’échec en général, d’ailleurs, est pertinente ; j’aime en particulier beaucoup cette phrase :
Comment se figurer l’activité d’un cerveau exclusivement occupé, sa vie durant, d’une surface composée de soixante-quatre cases noires et blanches ? Pour avoir essayé, dans ma jeunesse, de m’intéresser au jeu d’échecs, je trouve effectivement qu’il faut une configuration d’esprit particulière, que je n’ai pas forcément, mais qui est très bien décrite dans cet ouvrage. Et c’est si bien écrit que le récit est captivant, alors que le thème en lui-même ne le laissait pas présager !

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